[ Pobierz całość w formacie PDF ]

compte quelque jour, je ne crains pas tant un risque-tout ; je crains plut�t les bavards,
les vaniteux et les poltrons.
Alain (�mile Chartier), Le citoyen contre les pouvoirs (1926) 90
� Je fais la guerre. � C'est le mot d'un homme qui la trouve engag�e, et qui
d�lib�re seulement sur les moyens, comme font les g�n�raux, mais aussi qui y va
voir, et de pr�s, ce que les g�n�raux ne faisaient pas toujours. C'est pourquoi il ne fut
point re�u � coups de pierre, comme il arriva � d'autres. Et, pour la l�gende, il fait
figure de g�n�ral en veston et petit chapeau. Les d�tails sont invent�s sans doute ;
mais la L�gende est droite ; et l'homme, par le bien et par le mal, la petit porter. Ces
choses sont bonnes � c�l�brer. Ne craignons point de louer le vrai courage, et m�me
de le grandir selon le mouvement �pique. Celui qui fait la guerre est juste et
pacifique par la vertu de son action. L'homme dangereux et funeste c'est celui qui
veut la guerre, et ne la fait point, et n'y va point voir de pr�s. Mais il y a pis : c'est le
com�dien de guerre, qui n'ose consid�rer l'horrible chose et toutes ses suites, qui ne le
peut m�me pas ; mais qui voit l'applaudissement, qui cherche l'applaudissement, qui
se redresse, qui d�fie, qui s'agite, qui menace, qui promet, qui insulte, et pour finir,
s'enfuit en appelant au secours quand il voit que la maison br�le. Cette pu�rilit�
redoutable est en beaucoup, peut-�tre en tous ; la L�gende lui trouvera un corps et un
visage, sans chercher loin. Simplifiant aussi par l�, et grandissant la Vanit� Bavarde
comme elle grandit l'�nergie Laconique. Tenons divis�es ces deux images, et
dessin�es en lignes simples et fermes. Le Jugement ouvre les chemins de la Paix.
Alain (�mile Chartier), Le citoyen contre les pouvoirs (1926) 91
N�gligents et importants
d) Si Briand est transfuge.
Retour � la table des mati�res
� Ainsi, me dit quelqu'un, vous soutenez Briand : c'est cet homme tant de fois et si
tranquillement infid�le, qui a votre confiance. � Le conversation �tait venue sur cette
s�ance de la Chambre o� l'Important fit le si�ge du N�gligent. La discussion s'�leva
bient�t jusqu'au ton le plus vif, car il y avait l�, comme en tout cercle de rencontre,
les deux politiques en pr�sence. Mais la politesse, et m�me un certain degr� d'estime,
nous d�tourna de l'injure. L'on en vint aux pronostics, et j'expliquai pourquoi, � mon
sens, le principal interpellateur n'est pas aim� ; � cela il n'y avait rien � dire, et c'est
ainsi que je m'attirai la r�plique que j'ai cit�e d'abord, et sur quoi je veux r�fl�chir.
Je n'aime point trop, et je l'ai assez �crit, ceux qui �migrent d'un parti dans un
autre ; et J'ai plus d'une raison de vouloir que les pens�es de l'�ge m�r d�veloppent
les premi�res affirmations de la jeunesse. Vauvenargues l'a dit en termes admirables :
� Qu'est-ce qu'une grande vie ? Une pens�e de jeunesse r�alis�e par l'�ge m�r. � je
crois fermement que si l'on ne se soumet pas � cette condition, de se d�velopper soi-
m�me selon le premier choix, on n'aura point d'id�es du tout. Aussi, dans les dix
ann�es qui ont pr�c�d� la guerre, et parlant de ma tribune provinciale o� j'avais
encore plus d'auditeurs que dans celle-ci, je bataillais ferme contre le Rh�teur � tout
faire. Je me fis m�me des querelles avec mon Directeur, mais finalement il c�da, tant
la libert� de l'�crivain est honor�e dans ce charmant pays.
Maintenant je me fierais � l'homme. Et pourquoi ? C'est parce que le jeu des
circonstances l'am�ne � parler et � agir selon sa premi�re nature. On peut �migrer
d'un parti ; on n'�migr� point de sa propre nature. Un homme peut faire la guerre sans
Alain (�mile Chartier), Le citoyen contre les pouvoirs (1926) 92
l'aimer. Il peut m�me la d�cider sans l'aimer. Cela se voit toujours � la mani�re de
dire ; la vraie nature se retrouve dans les gestes et dans les m�taphores. Il y a un genre
de d�clamation qui ne passera point par ce gosier-l�. Et au contraire il y a des Hom-
mes trompettes, qui ne savent sonner que la charge ; et ceux-l� aussi peuvent bien
louer la paix et la promettre au monde ; mais cette chanson ne r�sonne point en eux ;
ils ne l'aiment point. Le m�tier n'y fait rien. Le mar�chal Foch a parl� plus d'une fois
de la paix et tr�s bien ; ce n'est pas un Homme trompette. Mais on trouverait parmi
ses coll�gues de l'Acad�mie plus d'un homme trompette, j'entends de ceux en qui les
discours guerriers sont les seuls qui r�sonnent, les seuls o� ils jettent leur premi�re
nature. A-Li premier son de voix je reconnais l'homme qui fera tuer les autres ;
homme plus dangereux � mon sens qu'un d�p�t de grenades ou qu'un amas d'obus �
l'yp�rite. Par opposition, et dans l'�tat actuel de la politique, je ferais confiance �
l'homme qui ne sait pas claironner. L�-dessus il ne peut me tromper, quand il le
voudrait. L�-dessus il sera toujours sinc�re. Le ton fera la chanson.
Alain (�mile Chartier), Le citoyen contre les pouvoirs (1926) 93
N�gligents et importants
e) Les Berthelot
Retour � la table des mati�res
Cette race du grand Chimiste est, en valeur humaine, mille fois plus pr�cieuse que
ces hommes de Lilliput qui la tiennent maintenant dans leurs filets. Ce noble et
imp�tueux sang est comme un r�actif et un dissolvant qui aussit�t attaque, r�duit et
assimile tout ce qu'il rencontre, homme ou chose. Comme la chimie n'est point
contemplation, mais action sans rel�che qui cuit, refroidit, surprend et rompt les
substances, ainsi ce genre de penseur, fils de chimie, n'attend point, mais cherche tou-
jours passage, et trouve passage, creusant et divisant toujours, quel que soit le genre
d'obstacle qu'on lui propose. Et celui des trois qui s'est �tabli Contemplateur
ressemble aux autres en cela. Que ce soit Pyramide, Sphynx ou Bouddha, peinture ou
ferronnerie, religion ou doctrine, po�sie ou prose, tout est promptement saisi et dig�r�
par ce mangeur infatigable. Et si ce Contemplateur �tait mis en quelque poste actif,
avant que vous ayez achev� la phrase introductive de vos recommandations, il aurait
d�j� fait son trou dans la chose sans seulement vous �couter.
Au m�tier de chimiste, l'esprit n'apprend point les �gards, ni aucune prudence.
Mais semblable au chirurgien qui est attir� par l'action imm�diatement utile et avance
son bistouri par o� il voit passage, toujours regardant, nullement �coutant, ce genre
d'homme, d�s qu'un probl�me lui vient sous les yeux, aussit�t l'attaque et le change,
et d�j� se trouve en train d'agir quand on lui demande d'examiner. Ce qui mille fois [ Pobierz całość w formacie PDF ]

  • zanotowane.pl
  • doc.pisz.pl
  • pdf.pisz.pl
  • supermarket.pev.pl
  •