[ Pobierz całość w formacie PDF ]

physicien avait d'ardeur pour la métaphysique et la théologie militante. Il y aurait eu cent personnes à table,
que ce sentiment eût été unanime. M. de Morveau parla toutefois avec une grande estime du talent de mon
ami pour la partie, expérimentale : qui ferait autrement en Europe ? Je réfléchis ensuite sur les occupations
qui empêchaient M. de Morveau d'appliquer la chimie et l'agriculture ; il trouve bien cependant du temps
pour écrire dans le volumineux recueil de Panckoucke.
Je pose en principe que personne ne peut acquérir une renommée durable dans les sciences naturelles
autrement que par les expériences, et qu'ordinairement plus un homme manipule et moins il écrit, mieux cela
vaut ; ou, pour mieux dire, plus sa renommée sera de bon aloi ; ce que l'on gagne à écrire a ruiné bien des
savants ( ceux qui connaissent M. de Morveau sauront bien que ceci ne le regarde pas ; sa position dans le
monde le met hors de cause ). L'habitude d'ordonner et de condenser les matières, de disposer les faits de
façon à faire ressortir rigoureusement les conclusions qu'ils sont destinés à établir, est contraire aux règles
ordinaires de la compilation. Il y a par tous pays des compilateurs très capables et très dignes de
considération, mais les expérimentateurs de génie devraient se placer dans une autre classe. Si j'étais
souverain, ayant, par conséquent, le pouvoir de récompenser le mérite, du moment où je saurais un homme de
génie engagé dans une telle entreprise, je lui offrirais le double de ce qui aurait été convenu avec l'éditeur
pour le détourner et le remettre dans une voie où il ne trouve pas de rivaux. Quelques personnes trouveront
cette opinion fantasque de la part d'un homme qui, comme je l'ai fait, a publié tant de livres ; mais elle
passera pour naturelle, au moins dans cet ouvrage dont je n'attends aucun profit et dans lequel, par
conséquent, il y a beaucoup plus de motifs pour être concis que pour s'étendre en dissertations.
La description du laboratoire de ce grand chimiste montrera qu'il ne reste pas inactif ; il y a consacré deux
vastes salles admirablement garnies de tout le nécessaire. On y trouve six ou sept fourneaux divers, parmi
lesquels celui de Macquer est le plus puissant, des appareils si compliqués et si variés, que je n'en ai vu nulle
part de semblable ; enfin une collection d'échantillons pris dans les trois règnes de la nature, qui lui donne un
air tout à fait pratique. De petits bureaux avec ce qu'il faut pour écrire sont épars çà et là, comme dans la
bibliothèque, c'est d'une commodité très grande. Il suit maintenant une série d'expériences eudiométriques,
principalement à l'aide des instruments de Fontana et de Volta. A son avis, ces expériences méritent toute
confiance. Il garde son air nitreux dans des bouteilles fermées de bouchons ordinaires, ayant soin seulement
de les renverser, et l'air résultant est toujours le même, pourvu qu'on se serve des mêmes matériaux.
L'expérience qu'il fit devant nous pour déterminer la proportion d'air vital d'une partie de l'atmosphère est très
simple et très élégante. On met un morceau de phosphore dans une cornue de verre, dont l'ouverture est
JOURNAL 99
Voyages en France pendant les années 1787, 1788, 1789
bouchée par de l'eau ou du mercure ; puis on l'allume au moyen d'une bougie ; la diminution du volume
occupé, par l'air indique combien il renfermait d'air vital selon la doctrine antiphlogistique. Une fois éteint, le
phosphore bout, mais ne s'enflamme plus. M. de Morveau a des balances faites à Paris, qui, chargées de 3,000
grains, accusaient une différence de poids de 1/20e de grain, une pompe à air à cylindres de verre dont l'un a
été cassé et réparé, un système de lentilles ardentes selon le comte de Buffon, un vase à absorption, un
appareil respiratoire avec de l'air vital dans un vase et de l'eau de chaux dans l'autre, enfin une foule
d'instruments nouveaux très ingénieux pour faciliter les recherches sur l'air selon les récentes théories. Ils sont
si nombreux et en même temps si bien adaptés à leur fin, que cette sorte d'invention semble être la partie
principale du mérite de M. de Morveau. Je voudrais qu'il suivît l'exemple du docteur Priestley, qu'il publiât
les figures de ses appareils, cela n'ajouterait pas peu à son immense réputation si justement méritée, et aurait
aussi cet avantage d'engager d'autres expérimentateurs dans la carrière qu'il a entreprise. Il eut la bonté de
m'accompagner dans l'après-midi à l'Académie des sciences ; la réunion se tenait dans un grand salon, orné
des bustes des hommes célèbres de Dijon : Bossuet, Fevret, de Brosses, de Crébillon, Piron, Bouhier,
Rameau, et enfin Buffon. Quelque voyageur trouvera sans doute dans l'avenir qu'on y aura joint celui d'un
autre homme qui ne le cède à aucun des précédents, le savant par qui j'avais l'honneur d'être présenté, M. de
Morveau. Dans la soirée nous allâmes de nouveau chez madame Picardet, qui nous emmena à la promenade.
Je fus charmé d'entendre M. de Morveau remarquer, à propos des derniers troubles, que les excès des paysans
venaient de leur manque de lumières. A Dijon, on avait recommandé publiquement aux curés de mêler à leurs
sermons de courtes explications politiques, mais ce fut en vain ; pas un ne voulut sortir de sa routine. Que l'on
me permette une question : Est-ce qu'un journal n'éclairerait pas plus le peuple que vingt curés ? Je demandai
à M. de Morveau si les châteaux avaient été pillés par les paysans seuls, ou par ces bandes de brigands que
l'on disait si nombreuses. Il m'assura qu'il avait cherché très sérieusement à s'en assurer, et que toutes les
violences à sa connaissance, dans cette province, venaient des seuls paysans ; on avait beaucoup parlé de
brigands sans rien prouver. A Besançon, on m'avait dit qu'ils étaient 800 ; mais comment 800 bandits qui
auraient traversé une province auraient-ils rendu leur existence problématique ? C'est aussi bouffon que
l'armée de M. Bayes, qui marchait incognito.
Le 2. Beaune. On a, sur la droite, une chaîne de coteaux couverts de vignobles ; à gauche, une plaine unie,
ouverte et par trop nue. A Nuits, petite ville sans importance, quarante hommes sont de garde tous les jours ;
à Beaune ils sont bien plus nombreux. Muni d'un passeport signé du maire de Dijon et d'une cocarde
flamboyante aux couleurs du tiers états j'espère bien éviter toutes difficultés, quoique le récit des troubles
dans les campagnes soit si formidable, qu'il paraisse impossible de voyager en sûreté. Fait une halte à
Nuits pour me renseigner sur les vignobles de ce pays si renommé en France et dans toute l'Europe, et visité
le Clos de Vougeot ; cent journaux de terre bien entourés de murs et appartenant à un couvent de Bernardins.
Qui surprendra ces gens-là à faire un mauvais choix ? Les endroits qu'ils s'approprient montrent l'attention
scrupuleuse qu'ils portent aux choses de l'esprit. 22 milles.
Le 3. En sortant de Chagny, où je quittai la grande route de Lyon, je suis passé près du canal de Chanlaix
( Charolais ) ; ses progrès sont bien lents ; c'est qu'une entreprise vraiment utile peut bien attendre, tandis que,
s'il se fût agi du forage des canons ou du doublage des vaisseaux de ligne, il y a longtemps qu'elle serait
achevée. Moncenis, vilain pays, mais assez singulier. C'est là que se trouve l'une des fonderies de canons de
M. Wilkinson ; j'en ai déjà décrit une située près de Nantes. Les Français disent que cet actif Anglais est
beau-frère du docteur Priestley, par suite ami de l'humanité, et que c'est pour donner la liberté à l'Amérique
qu'il leur a montré à forer les canons. L'établissement est très considérable ; on y compte cinq cents à six
cents ouvriers, sans y comprendre les charbonniers ; cinq machines à vapeur servent à faire aller les soufflets
et à forer ; on en construit une sixième. Je causai avec un ouvrier anglais de la cristallerie ; ils étaient [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

  • zanotowane.pl
  • doc.pisz.pl
  • pdf.pisz.pl
  • supermarket.pev.pl
  •