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convention, elle est prête à la ratifier également.
Schoenbrünn, le 25 brumaire an 14 (16 novembre 1805). 267
Oeuvres de Napoleon Bonaparte, TOME III
Le général Vialannes, commandant la cavalerie du maréchal Davoust, est entré a Presbourg. M. le général
comte de Palffy a écrit une lettre à laquelle le maréchal Davoust a répondu.
Un corps de trois mille Autrichiens s'était retranché dans la position de Waldermünchen, au débouché de la
Bohême. Le général Baraguay-d'Hilliers, à la tête de trois bataillons de dragons à pied, a marché contre ce
corps, qui s'est hâté d'abandonner sa position.
Le général Baraguay-d'Hilliers était le 18 à Treinitz en Bohême; il espérait entamer ce corps.
Le maréchal Ney avait eu la mission de s'emparer du Tyrol: il s'en est acquitté avec son intelligence et son
intrépidité accoutumées. Il a fait tourner les forts de Scharnitz et de Neustark, et s'en est emparé de vive force.
Il a pris dans cette affaire dix-huit cents hommes, un drapeau et seize pièces de canon de campagne attelées.
Le 16, à cinq heures après-midi, il a fait son entrée à Inspruck; il y a trouvé un arsenal rempli d'une artillerie
considérable, seize mille fusils et une immense quantité de poudre. Le même jour, il est entré à Hall, où il a
aussi pris de très-grands et très-riches magasins, dont on n'a pas encore l'inventaire. L'archiduc Jean, qui
commandait en Tyrol, s'est échappé par Luchsthall. Il a chargé un colonel de remettre tous les magasins aux
Français, et de recommander à leur générosité douze cents malades qui sont à Inspruck.
A tous ces trophées de gloire, est venue se joindre une scène qui a touché l'âme de tous les soldats. Pendant la
guerre dernière, le soixante-seizième régiment de ligne avait perdu deux drapeaux dans les Grisons; cette
perte était depuis long-temps pour ce corps le motif d'une affliction profonde. Ces braves savaient que
l'Europe n'avait point oublié leur malheur, quoiqu'on ne pût en accuser leur courage. Ces drapeaux, sujets d'un
si noble regret, se sont trouvés dans l'arsenal d'Inspruck, un officier les a reconnus; tous les soldats sont
accourus aussitôt. Lorsque le maréchal Ney les leur a fait rendre avec pompe, des larmes coulaient des yeux
de tous les vieux soldats. Les jeunes conscrits étaient fiers d'avoir servi à reprendre ces enseignes enlevées à
leurs aînés par les vicissitudes de la guerre. L'empereur a ordonné que cette scène touchante soit consacrée par
un tableau. Le soldat français a pour ses drapeaux un sentiment qui tient de la tendresse. Ils sont l'objet de son
culte, comme un présent reçu des mains d'une maîtresse.
Le général Klein a fait une incursion en Bohême avec sa division de dragons. Il a vu partout les Russes en
horreur: les dévastations qu'ils commettent font frémir. L'irruption de ces barbares appelés par le
gouvernement lui-même, a presque éteint dans le coeur des sujets de l'Autriche toute affection pour leur
prince. «Nous et les Français, disent les Allemands, nous sommes les fils des Romains; les Russes sont les
enfans des Tartares. Nous aimons mieux mille fois voir les Français armés contre nous, que des alliés tels que
les Russes». A Vienne, le seul nom d'un Russe inspirait la terreur. Ces hordes de sauvages ne se contentent
pas de piller pour leur subsistance; ils enlèvent, ils détruisent tout. Un malheureux paysan qui ne possède dans
sa chaumière que ses vêtemens, en est dépouillé par eux. Un homme riche qui occupe un palais, ne peut
espérer de les assouvir par ses richesses: ils le dépouillent et le laissent nu sous ses lambris dévastés.
Sans doute, c'est pour la dernière fois que les gouvernemens européens appelleront de si funestes secours. S'ils
étaient capables de le vouloir encore, ils auraient à payer ces alliés du soulèvement de leur propre nation. D'ici
à cent ans, il ne sera en Autriche au pouvoir d'aucun prince d'introduire des Russes dans ses états. Ce n'est pas
qu'il n'y ait dans ces armées un grand nombre d'officiers dont l'éducation a été soignée, dont les moeurs sont
douces et l'esprit éclairé Ce qu'on dit d'une armée s'entend toujours de l'instinct naturel de la masse qui la
compose.
Znaïm, le 27 brumaire an 14 (18 novembre 1805).
Vingt-sixième bulletin de la grande armée.
Znaïm, le 27 brumaire an 14 (18 novembre 1805). 268
Oeuvres de Napoleon Bonaparte, TOME III
Le prince Murat, instruit que les généraux russes, immédiatement après la signature de la convention, s'étaient
mis en marche avec une portion de leur armée sur Znaïm, et que tout indiquait que l'autre partie allait la suivre
et nous échapper, leur a fait connaître que l'empereur n'avait pas ratifié la convention, et qu'en conséquence il
allait attaquer. En effet, le prince Murat a fait ses dispositions, a marché à l'ennemi, et l'a attaqué le 25, à
quatre heures après midi, ce qui a donné lieu au combat de Juntersdorff, dans lequel la partie de l'armée russe
qui formait l'arrière-garde a été mise en déroute, a perdu douze pièces de canon, cent voitures de bagages,
deux mille prisonniers et deux mille hommes restés sur le champ de bataille. Le maréchal Lannes a fait
attaquer l'ennemi de front; et tandis qu'il le faisait tourner par la gauche par la brigade de grenadiers du
général Dupas, le maréchal Soult le faisait tourner par la droite par la brigade du général Levasseur, de la
division Legrand, composée des troisième et dix-huitième régimens de ligne. Le général de division Walther
a chargé les Russes avec une brigade de dragons, et a fait trois cents prisonniers.
La brigade de grenadiers du général Laplanche-Mortière s'est distinguée. Sans la nuit, rien n'eût échappé. On
s'est battu à l'arme blanche plusieurs fois. Des bataillons de grenadiers russes ont montré de l'intrépidité: le
général Oudinot a été blessé; ses deux aides-de-camp, chefs d'escadron Dermangeot et Lamotte, l'ont été à
ses côtés. La blessure du général Oudinot l'empêchera de servir pendant une quinzaine de jours. En attendant,
l'empereur voulant donner une preuve de son estime aux grenadiers, a nommé le général Duroc pour les
commander.
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